9/10Egizia, un jeu aiguisé

/ Critique - écrit par Maat, le 15/12/2011
Notre verdict : 9/10 - Un excellent jeu déguisé (Fiche technique)

Tags : jeux sands egizia shifting prix note cartes

Dans la famille des jeux de placement, Egizia, une belle édition Iello se place très rapidement en haut de l'affiche. En effet, ses mécanismes, qui, sans être complètement novateurs, apportent un vent de fraîcheur aux abords du Nil.

Egizia, comme son nom l’évoque, nous transporte dans l’Egypte Antique (et oui, après le très bon Sobek…) où l’on se retrouve confrontés à la dure réalité de la construction des édifices colossaux de l’époque : Le Sphinx, la Pyramide, le temple… Chaque joueur va prendre la possession d’une équipe de travailleurs qui va œuvrer pour achever avant la fin de la partie le maximum de bâtiments. Ils vont ainsi devoir descendre le Nil pour se placer et récupérer les ressources nécessaires.

Egizia, un jeu aiguisé
Le sphinx.
Un petit peu d’archéologie…

Tout d’abord, admirons cette jolie boite qui, sans être époustouflante est relativement plaisante. Puis, on l’ouvre, et là… On découvre parmi les divers ossements une mom… Hum pardon. On découvre un plateau de jeu sympathiquement illustré, accompagné de ses quatre amis mini-plateaux, un pour chaque joueur. Des cubes en bois de deux sortes aux couleurs des joueurs, des petits bateaux et des pavés. Quelques cartes et quelques tuiles permettent de terminer le tableau. Ah mais non, j’allais oublier ! Quelque chose qui se fait de plus en plus dans les jeux récents et que je trouve être une bonne initiative tant j’oublie d’acheter des sacs congélation… C’est d’inclure un petit lot de sachets en plastique pour ranger tout ça.

Egizia, un jeu aiguisé
Le plateau de jeu.
Hop, je pose deux pierres pour l’obélisque !

Le jeu se déroule en cinq tours découpés en plusieurs étapes.
Tout d’abord, il faut, à chaque début de tour, poser des cartes Nil tout le long du fleuve.
Puis, débute la phase de placement de bateaux, la phase la plus importante du jeu. Le premier joueur (qui est, en dehors du premier tour, déterminé par le classement inverse des points de victoire) place en premier son bateau sur le Nil, et ainsi de suite. Il faut savoir qu’on ne pourra pas remonter le cours du fleuve (sauf carte spéciale). Il faudra donc se placer avec une bonne dose de réflexion. Les joueurs ont le choix, pour se placer ; entre les « cases rondes », des cases indiquant une action à effectuer ; les « cases cartes Nil », où se trouvent les… cartes Nil précédemment posées. Celles-ci permettent des actions chaque tour renouvelées ou procurent des avantages permanents ou immédiats, cela dépend des cartes. Et, pour terminer, les « cases constructions » qui représentent le nerf du jeu puisque c’est là que l’on va pouvoir construire les bâtiments ou récupérer des cartes sphinx (cartes objectifs de fin de partie). Egizia, un jeu aiguisé
La fameuse pryamide.
Chaque joueur dispose de huit bateaux, c’est, à mon gout, amplement suffisant pour se placer, que ce soit à trois ou quatre joueurs. (Je n’ai pas eu le loisir de jouer à deux)
Ensuite, on doit nourrir ses travailleurs, puis produire de la pierre.
Les travailleurs, combinés aux pierres permettront de construire en déposant des pierres sur les cases et de marquer autant de points de victoire qu'indiqué sur les cases ainsi remplies. Je ne rentre pas dans le détail du mécanisme qui est, au premier abord assez déroutant, et, en fait, finit par être intuitif.
On termine dès lors le tour en marquant les points de collaboration (participer aux divers édifices rapporte plus que de se contenter d’un seul), puis l’ordre du prochain tour. Et c’est reparti.

La partie se termine donc à la fin du cinquième tour et l’on décompte alors les points glanés avec les cartes sphynx. Le plus avancé sur la piste de score a gagné. Limpide, non ?

Egizia, un jeu aiguisé
Le temple.
Je marque trente points grace à mes cartes Sphynx !

Je vous le dis de suite comme ça c’est fait, mais mon pote Yo a insisté pour que je mentionne ce fait : il n’a pas aimé Egizia car il se termine par une fin qu’il appelle « scoubidou », alors si vous êtes comme lui, évitez ce jeu. Voila, c’est dit, et je peux donc vous donner mon avis !
De prime abord le jeu paraît assez complexe. Les différentes cartes et pictogrammes sont pourtant aisés à assimiler, mais un ou deux tours s’avèrent nécessaires pour rentrer dans le bain.
En revanche, j’adore la complexité dans le choix de placement du bateau. Ce n’est pas difficile en soi, mais si l’on veut être performant il faut peser le pour et le contre. Dois-je prendre cette carte intéressante mais très en aval ou dois-je me placer sur le Sphinx pour avoir un objectif et peut-être la récupérer après ? Et oui, c’est la course poursuite aux cartes intéressantes, mais le jeu étant relativement court, on ne peut pas se permettre de trop délaisser la construction. Le calcul simple en apparence s’avère redoutablement alambiqué dès lors que l’on aiguise son sens tactique.
Egizia, un jeu aiguisé
Un "Kubenboa" bateau.
Le mécanisme pour lequel je n’ai pas souhaité m’étendre, au sujet des travailleurs, fort complexe à expliquer à l’écrit, sans visuel, m’apparait aussi comme étant essentiel à ses choix de jeu. Il faudra avoir une force de travail conséquente pour pouvoir construire les plus hauts étages des édifices, mais il faudra aussi les nourrir… Ah oui, j’ai peu parlé de cette phase de nourriture qui peut être très violente (pertes de points en fonction du nombre de travailleurs affamés) et est gérée de manière subtile avec des terrains plus ou moins productifs en fonction des crues du Nil (que les joueurs peuvent contrôler). Mais là aussi, c’est très simple à comprendre, mais il faut un support visuel pour expliquer aisément.
Pour terminer, je me dois d’aborder le sujet du « scoubidou ». Oui, les cartes Sphinx permettent de rapporter des points sur la fin sans que les autres ne sachent combien. Mais un joueur avisé  peut se douter qu’un type qui va au Sphinx à chaque tour finira certainement (s’il a joué finement) avec au moins vingt-cinq points de plus. C’est aussi une manière de jouer, et je ne trouve pas qu’elle dénature le jeu. Au contraire, elle ajoute une dimension supplémentaire.

Bref, il y a pléthore de coups tordus à faire dont je raffole ! Les règles peuvent paraître fastidieuses, mais, au final, elles sont très intuitives et assez évidentes.
Sous ses airs de jeu assez classique, Egizia renferme un beau trésor enfoui sous les sables jouxtant le mythique Nil. Une fort belle surprise en cette fin d’année, qui profite d’une chouette édition. Méfiez-vous des apparences !