8/10Munchkin

/ Critique - écrit par Aen, le 11/06/2006
Notre verdict : 8/10 - "Cherche pas j'ai gagné" (Fiche technique)

Tags : munchkin chat extension jeux cartes stock monstres

Munchkin est un jeu qui a une certaine aura dans le milieu des amateurs de jeux de rôle. Si vous n'êtes pas de cette caste, vous serez peut-être passé à côté. Et je vous propose de rattraper le temps perdu car le jeu en vaut la chandelle.

Gros Bill. C'est le nom d'un rôliste des années 80 qui passait son temps à tricher pour améliorer son personnage. Grosbill, c'est devenu un nom commun pour parler d'un type de joueur qui cherche à être le plus fort par tous les moyens, y compris les moins élégants et les plus grossiers. Grosbill, c'est enfin le terme français équivalent à Munchkin.

Ce jeu de cartes vous permettra de prendre la peau d'un de ces grosbills pour tenter d'imposer votre suprématie autour de la table de jeu. Autant dire qu'avec un tel postulat de départ, on ne fait pas au premier abord dans la finesse. Notre cher grosbill évolue dans l'univers classique de jeu de rôle, sorte de Donjons et Dragons de base, et il effectue les actions les plus astucieuses existantes : ouvrir la porte du donjon, taper le monstre, piller le trésor, devenir plus fort. Et pourtant...

Ce jeu de Steve Jackson (créateur du système de jeu générique GURPS, notamment utilisé pour le célèbre jeu vidéo Fallout), et distribué en France par Ubik (avec un design beaucoup plus réussi qu'en vo), est en réalité un jeu humoristique. Il tourne en dérision les poncifs de l'univers médiéval fantastique à coup de jeux de mots implacables et des illustrations franchement funs de John Kovalic, créateur de Dork Tower, bande dessinée parodiant l'univers des rôlistes. On passe donc un bon moment à la découverte de chaque nouvelle carte et il n'est pas rare de voir un joueur pouffer de rire en mettant secrètement une carte dans sa main.

Le principe de Munchkin n'est pas très compliqué : au milieu de la table, deux piles de cartes, les cartes donjon et les cartes trésor. A chaque tour, on retourne une carte donjon et, si c'est un monstre (comme les "escargots sous acide"), on doit le combattre, fuir, ou demander de l'aide à l'un de ses co-aventuriers. Quand on tue un monstre, on pioche autant de trésors qu'indiqués sur sa carte, et on monte de niveau, l'objectif du jeu étant d'atteindre le niveau 10. Plutôt simple.

L'intérêt majeur du jeu réside dans la phase de négociation avec les autres aventuriers qui peuvent nous aider dans les combats. Chacun tente d'en tirer le maximum de profit, quitte à menacer les autres d'utiliser des cartes pour booster le monstre et rendre le combat ingérable s'il n'est pas choisi comme partenaire. Bref, tous les moyens sont bons pour arriver au niveau 10, et Munchkin multiplie les possibilités de coups en traître pour faire chuter les autres.

A côté de ça, on trouve des cartes d'équipement plus loufoques les unes que les autres pour améliorer ses chances de victoire, des malédictions terribles telles le "poulet sur la tête" pour couler les autres, des cartes de races pour devenir autre chose qu'humain et avoir certains bonus (elfe, nain, hobbit), des cartes de classe histoire d'obtenir des capacités spéciales (voleur, prêtre, magicien, guerrier) et des cartes de triche qui permettent... pas mal de choses !

Munchkin peut être joué entre 3 et 8 joueurs (on peut jouer à deux mais c'est sans grand intérêt), en notant que plus on est nombreux, plus les heures de jeux s'allongent. Sachant qu'il n'est pas rare qu'une partie à 4 joueurs dure une bonne heure et demi et qu'une à 6 joueurs peut aisément atteindre les 3 heures, le rapport intérêt / temps de jeu le plus intéressant est entre 4 et 5 joueurs.
A noter de très nombreuses extensions pour le jeu, qui ajoutent des cartes, des univers, des compteurs et autres joyeusetés, le tout sur le
site officiel américain.