Un monde sans fin
Jeux de société / Critique - écrit par Maat, le 10/12/2010 (Un monde sans fin est un jeu qui nous propose d'entrer dans le riche univers de Ken Follet, du roman éponyme. Nous allons devoir faire face à de nombreux évènements et permettre à Kingsbridge de se développer.
Un monde sans fin fait suite aux Piliers de la terre, tant pour le roman que pour le jeu de plateau. Notez que si, comme moi, vous n'avez pas fini de lire le roman éponyme, évitez de lire les petites indications des cartes évènement qui mettent dans l'ambiance mais vous donnent des aperçus de ce qui va se passer dans le livre !
Les différences avec le jeu des Piliers de la terre sont assez nombreuses. Même si l'on peut retrouver quelques similitudes - il s'agit toujours de construire des bâtiments dans Kingsbridge - les mécanismes sont radicalement différents.
Cartes action« L'homme qui prépare les onguents et les médecines a pour nom apothicaire. Lorsque c'est une femme qui exerce cette activité, on l'appelle sorcière. »
Tout comme sa grande sœur, la boîte d'Un monde sans fin est magnifiquement illustrée et le plastique thermomoulé toujours pratique et bien pensé. Le matériel que l'on trouve en son sein l'est tout autant. Les cartes d'évènements sont dotées de belles images, le plateau est également agréable à l'œil. On trouve aussi des bâtiments en carton qui s'inséreront harmonieusement dans le paysage de Kingsbridge. Les désormais classique cube en bois représentant diverses productions sont présents. On découvre aussi du matériel en carton pour les faveurs du Roi, de la piété, des sous ou encore les mini-écrans de joueurs. Et n'oublions pas un des éléments essentiels de la fresque romanesque de Ken Follet : la laine et le tissu sous forme de pièce en bois.
« Les Arabes considèrent qu'une œuvre d'art doit toujours avoir un petit défaut quelque part. Pour ne pas concurrencer la perfection divine, ce qui serait un sacrilège. »
Comment la magie va-t-elle s'opérer dans Un monde sans fin ?
Le jeu se déroule en quatre âges divisés en six tours. Chacun est premier joueur à son tour. Celui-ci doit lire la carte évènement et en appliquer les effets. Parfois, parmi ceux-ci, il faudra ajouter un bâtiment sur le plateau de jeu. A partir du troisième âge, on aura l'apparition de la peste.
Ensuite, utilisant un ingénieux mécanisme, le joueur oriente la carte de manière à distribuer les ressources placées dans les coins de celle-ci. Le numéro d'équilibriste réside dans le fait que cette orientation de carte fera aussi avancer le pion sur le tableau des faveurs où l'on pourra obtenir du blé, des points de victoire ou, parfois payer un or à des hors-la-loi.
Vue du plateau de jeuUne fois ces ressources distribuées, chaque joueur va utiliser ses cartes actions (au nombre de douze, identiques pour chaque joueur) pour faire... une action. Il devra par la même occasion se défausser d'une autre carte action. Il faut donc bien gérer sa main et anticiper au mieux la suite des évènements.
Parmi ces actions, on retrouve la carte blé qui permet de récupérer un blé, la carte piété qui fait de même avec les jetons de piété et la carte matériau de construction avec la pierre ou le bois. La carte action de construction de guilde permet de placer une maison sur le plateau qui servira, à l'aide de la carte action de récolte, à récupérer des ressources. Nous avons aussi la possibilité de participer à la construction des bâtiments, afin de récupérer jusqu'à six points de victoire ; de faire un don pour aider à la construction d'un de ces bâtiments ; d'actionner le marqueur de faveur pour l'avancer d'une case. On peut aussi choisir de transformer la laine en tissu ou aussi de vendre ces deux éléments. Une carte permet d'utiliser ses connaissances médicales afin de soigner la peste. La dernière carte est une des plus précieuses puisqu'elle permet de réutiliser la dernière carte action que l'on a jouée.
A chaque fin d'âge, il faut payer un impôt de deux blés, deux piétés et entre deux et cinq pièces d'or (selon résultat du dé). Si l'on n'y parvient pas, on perd des points de victoire, et on se retrouve handicapé pour la suite selon le type d'impôt que l'on n'a pu payer. Ce handicap peut être annulé par l'utilisation d'une faveur du roi, mais pas la perte de points de victoire.
Le vainqueur est celui qui, à la fin des quatre âges a le plus de points de victoire !
Carte évènement« Les scrupules sont bons pour les privilégiés. Pour nous qui sommes nés pauvres, notre seul salut est dans la ruse. »
Je dois vous avouer qu'à l'heure actuelle, Un monde sans fin est mon jeu favori. J'ai pu essayer de nombreuses tactiques différentes, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Jouer sur les connaissances médicales et soigner la peste, tout miser sur les récoltes des maisons, se concentrer sur la construction des bâtiments, ou même encore doser les tactiques, je me suis toujours éclaté ! Il faut cependant savoir garder des capacités d'adaptation et anticiper. Certains joueurs n'apprécient pas de toujours devoir faire la course aux impôts. Je garde toujours cet aspect dans un coin de ma tête et, tout en effectuant ma stratégie, je me débrouille pour toujours parvenir à avoir ce qu'il faut en fin d'âge.
Le fameux mécanisme de la carte évènement est mon grand chouchou ! Ainsi, un joueur habile récupérera toujours des ressources intéressantes. A trois joueurs, s'il joue bien, il pourra même se mettre à l'abri des impôts rien qu'avec deux cartes évènements. A quatre joueurs, ce sera quelque peu plus complexe mais tout aussi intense. Cet effort intellectuel d'anticipation, de gestion de ses ressources et de stratégie à adopter font à mon sens d'Un monde sans fin une réelle pépite ludique, tant à trois qu'à quatre joueurs que l'on réservera cependant aux joueurs aguerris. Une superbe idée de cadeau de Noël encore une fois, venue de chez nos amis de Filosofia, merci pour cette traduction !