7.5/10La critique de Gears of War le jeu de Plateau

/ Critique - écrit par Ryo, le 19/07/2012
Notre verdict : 7.5/10 - Gear 'tourne ! (Fiche technique)

Tags : gears war xbox jeux joueurs cartes video

Les adaptations de jeux vidéo en jeux de société ça a souvent été une Grande Histoire d’Amour. Grande Histoire d’Amour qui des fois se termine bien comme dans les contes de fées par « Ils eurent une belle adaptation et firent plein de petits profits » (les termes exacts ne sont pas tout à fait ceux-là mais vous avez compris l’idée) comme pour Civilization. Mais aussi des fois Grande Histoire d’Amour qui se termine mal comme pour World of Warcraft. Il y a également les Grandes Histoires d’amour virtuelles et hypothétiques qui viendront peut-être un jour et qui nous mettent la bave aux lèvres rien que d’y penser comme Heroes of Might and Magic, Castlevania, Zelda etc… Et pour Gears of War alors me demanderez-vous, plutôt conte de fée ou plutôt conte à dormir debout… ? Et bien amis Krinautes, il ne vous reste plus qu’à lire la critique pour le savoir...

Des mecs qui en ont

La critique de Gears of War le jeu de Plateau
Quelques cartes d'Ordre
Gears of War est donc tiré du jeu vidéo éponyme et vous place dans la peau d’un des soldats de la CGU combattant pour sauver l’humanité de la horde de Locustes. Je traduis pour ceux qui ne connaîtraient pas l’univers : vous êtes une brute de guerre bodybuildée et dopée aux hormones et aux stéroïdes et vous partez faire la guerre à des bestioles baveuses qui veulent détruire l’humanité grâce à votre arsenal tout droit sorti d’un bon film de science-fiction. Rien de bien original donc côté scénario. Côté concept on est assez proche d’un Descent version futuriste ou bien d’un Doom. Vos joueurs vont donc déambuler dans un dédale de tuiles de couloirs et de salles (avec différents niveaux) afin de gagner des armes et des munitions pour trucider de l’alien à tout-va (ou de ne pas être trucidé par l’alien, à vous de voir). Par contre la différence notable avec les jeux précédemment cités, c'est qu'ici on est sur un jeu en total coopération : on joue contre le jeu et non contre un autre joueur qui ferait office de pseudo maître du jeu. Evidemment, avant de vous lancer dans la bataille, vous devrez choisir une mission qui comprendra différents objectifs. Ces derniers évolueront d’ailleurs durant la partie car les cartes de missions se succèdent au fur et à mesure de l’avancement (un peu comme dans le Seigneur des Anneaux JCE). Pour les actions des membres de la CGU, on retrouve le principe des cartes d’Ordres cher à Corey Konieczka et qui a déjà fait ses preuves sur SpaceHulk et Runewars par exemple. Ces dernières vous permettront d’avoir accès à une très large combinaison d’actions : avancer d’un certain nombre de cases, tirer un certain nombre de fois, vous mettre à couvert, augmenter votre attaque ou votre défense, piocher des cartes, aider un partenaire, gagner des munitions etc… Bref avec vos cartes Ordres, vous pourrez faire face à de nombreuses situations. Et d’ailleurs ces cartes Ordre représentent le cœur névralgique du jeu car en plus d’avoir les effets marqués sur celles-ci, ces cartes représentent également vos points de vie. Et oui : libre à vous d’utiliser des cartes à foison, mais vous vous exposez alors à un gros risque car vous vous rendez extrêmement vulnérable aux ennemis.

Générateur de bonnes idées

La critique de Gears of War le jeu de Plateau
La Berserker va vous en faire baver

Et de bonnes idées comme celle-ci, Gears of War n’en manque pas. Déjà pas besoin de se coltiner un maître du jeu qui jouera les Locustes car ces derniers sont gérés tout seul via des cartes d’Intelligence Artificielle. A chaque tour un certain nombre de ces derniers vous attaqueront donc sous certaines conditions, mais pas seulement. Certains se mettront automatiquement à couvert, s’éloigneront pour se soigner, attaqueront uniquement les membres de la CGU les plus blessés etc… C’est assez agréable de voir que les actions des ennemis ont été en quelques sortes scriptées et qu’elles disposent plus ou moins d’actions en fonction de la situation. Certes, on n’est quand même pas au niveau d’un joueur humain, mais cela reste beaucoup moins basique que « avancer et tirer ». L’utilisation des armes est également intéressante puisque, outre le nombre de dés pour une attaque normale, une capacité spéciale et une portée de tir, vous aurez également accès à une attaque d’Extermination qui fera des gros dommages mais qui sera limitée au nombre de munitions que vous aurez pour cette arme (sachant que si vous vous retrouvez sans munitions, vous ne pouvez plus tirez tout court !). Le déluge de balles est alors assez jouissif en terme d’effets surtout que les quinze types d’armes différentes possèdent chacune leur propre effet.

Une coopération très poussée

La critique de Gears of War le jeu de Plateau
Les figurines une fois peintes
Un autre point fort très appréciable du jeu est cet aspect coopération très présent et qui n’avait à notre sens rarement été poussé aussi loin dans un jeu de figurines type ameritrash. En effet la plupart des cartes d’Ordre vous donnent des actions qui n’auront de sens que si vous jouez en équipe et que vous coopérez. Evidemment en privilégiant ce type de cartes, vous pourrez sans doute moins en faire à votre tour mais ferez bénéficier vos coéquipiers d’avantages. Ainsi la carte « Se mettre à couvert » ne vous fait vous déplacer que d’une seule case sans pouvoir attaquer. Mais en contrepartie, tous les autres joueurs alliés peuvent alors piocher une carte Ordre gratuitement et bénéficieront d’un dé de défense supplémentaire lors de la prochaine attaque des Locustes. On a donc véritablement l’impression de se déplacer comme un bataillon qui se couvre mutuellement et la cohésion et les décisions de groupe sont donc d’autant plus importantes. Tout cela est d’autant plus vrai que vous ne pouvez pas vraiment mourir et ainsi quitter le jeu en milieu de partie (ce qui est souvent très frustrant, mais non moins fréquent dans ce genre de jeu). En effet lorsque vous vous retrouvez sans points de vie, vous êtes considérés comme mourant et ne pouvez plus faire d’actions hormis vous déplacer. Vous devrez attendre qu’un coéquipier vienne vous ranimer pour pouvoir à nouveau agir. Là encore, la coopération et l’entraide sont au rendez-vous et si vous voulez faire cavalier seul, dites-vous bien que votre escouade risque de ne pas aller très loin.

Une nuit avec mon ennemi

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Le fameux fusil d'assaut Lanzor
D’autant plus que la résistance est plutôt coriace. Si les Nuées, Drones et autres Boomers ne vous poseront pas trop de soucis, vous risquez de rapidement déchanter quand arriveront les autres. Les Kantus sont spécialisés dans la génération et la guérison de troupes, les Tickers viennent s’autodétruire au contact des membres de la CGU et enfin la terrible Berserker, prédatrice aveugle se déplace au son des attaques automatiquement vers celui qui l’a attaquée et possède une puissance de feu et une endurance de folie. La mécanique du jeu ne vous fera également pas de cadeau. Les niveaux sont longs, assez sinueux, sur plusieurs étages et bardés d’ennemis. Le rythme y est assez soutenu quoique également assez disparate. Vous pourrez donc très bien vous sentir très à l’aise lors d’un tour donné et vous retrouver encerclés et agonisants deux tours après. D’où encore une fois l’importance d’être toujours sur ses gardes, de toujours prévoir une action d’Observation (qui vous permettra d’attaquer pendant le tour des Locustes), de travailler en équipe c’est-à-dire de rester groupé, de se mettre à couvert et de couvrir le terrain pendant que les autres membres avancent. Concernant les missions, elles sont au nombre de sept et vous mettront dans des situations plutôt variées. Le fait que la configuration du plateau de jeu change également à chaque partie apporte un plus non négligeable en terme de rejouabilité (même si elle n’est pas infinie car vous vous contentez de combiner différemment un certain nombre d’éléments de jeu). Côté difficulté, apprêtez-vous à rejouer plusieurs fois la même mission avant de pouvoir en venir à bout. Ces dernières sont en effet assez difficiles et les effets des cartes Mission vous en feront voir de toutes les couleurs. Mention spéciale au « Magasin de Porcelaine » où les membres de la CGU sont poursuivis par la Berserker et tentent de lui survivre, à « Des Forces Eparpillés » qui comme son nom l’indique scinde vos membres en deux équipes qui auront des objectifs différents, et au « Mode Horde » qui verra les joueurs affronter des vagues d’ennemis successives et de difficulté croissante.

Petits grains de sable dans les rouages

La critique de Gears of War le jeu de Plateau
Quelque chose me dit que le mec en rouge
est mal barré
Toutefois, malgré ce flot de bonnes idées, Gears of War ne fait pas un sans-faute. De nombreux petits défauts viennent émailler le plaisir de jeu. On en a qui sont assez anodins comme le fait que tous les monstres ne sont pas présents sous forme de figurines ( !) : une simple couleur différente pour symboliser un monstre spécial aurait suffi à éviter cela. Et on en a d’autres un peu plus embêtants comme les tuiles de jeu qui sont un peu confuses en termes de visibilité pour établir une ligne de vu entre deux figurines. Et enfin on a cette fameuse règle de blessure de monstres qui est à coucher-dehors. En effet un monstre n’existe que dans l’état « Blessé » ou « Indemne ». Et s’il est blessé, vous lui affectez un marqueur de blessure unique symbolisant le reste de ces points de vie. Sauf que ces fameux points de vie restants ne reflètent pas nécessairement le nombre exact de blessures infligées à la figurine. Ainsi si Marcus Fenix inflige deux points de blessures à un Boomer qui possède trois points de vie, vous lui attribuerez un marqueur de blessure unique qui symbolise le fait qu’il lui reste… deux points de vie et non pas un. En gros vous vous êtes fait enflé d’un point de dégât. Et quand on voit la défense que les monstres peuvent avoir, un point de dégât en plus ou en moins, ça peut largement faire la différence entre un CGU vivant et un CGU mort. Bref tout ça pour dire que ce système de blessure est une aberration totale (tantôt à l’avantage du joueur mais aussi à son désavantage) et qui ne reflète en aucun cas la réalité des dégâts que vous pouvez potentiellement lui infliger. Dommage pour un jeu où vous passerez la moitié de votre temps à shooter des monstres…

Efficacité

La critique de Gears of War le jeu de Plateau
Marcus Fenix est bien évidemment de la partie
Gears of War s’avère donc au final sans réelles surprises : c’est un bon gros améritrash efficace avec de très belles figurines et tuiles de jeu (comme d’habitude chez Edge) et qui est très fidèle à son homologue sur PC ou consoles (et dont le scénario tient donc sur une carte à puce) dans la mesure où toutes les illustrations en sont tirées. Les missions sont prenantes (et rejouables un certain nombre de fois avant de commencer à se lasser), la difficulté au rendez-vous, l’aspect coopération assez poussée pour ce type de jeu et les ennemis même sans maître du jeu ont des attitudes et des réactions plutôt efficaces qui ne se bornent pas au simple avancer-tirer. Il y a même dans ce Gears of War de réelles bonnes idées comme cette notion de nombre de cartes qui est équivalent au nombre de points de vie de vos gars ainsi que les Attaques d’Extermination de vos armes. Dommage que le jeu souffre de quelques défauts comme la gestion bizarroïde des dégâts contre les Locustes car il aurait pu facilement figurer dans le panthéon de ce genre de jeu comme l’est encore actuellement Descent près de six ans après sa sortie.